Interpétation du Conte d'Apulée - Marie Louise von Franz
« L'être qui, descendant en lui-même, accepte de rencontrer ses propres « ombres » et de dialoguer avec elles, c'est-à-dire avec ce qu'il ignore, refuse ou méprise de lui-même, ressortira enrichi et consolidé par ces expériences.
Ces dynamismes sont rarement compris par le sujet aveuglé, surtout au début de l'œuvre intérieure, par des états pénibles dont il ne distingue trop souvent que les symptômes névrotiques avec les inadaptations qu'ils entraînent, et par l'esprit du temps, ou mode de pensée de l'époque, qui ne voit en tout cela qu'états maladifs et rien d'autre. Mais si quelqu'un qui est lui-même passé par là sait être à la fois son témoin et son soutien dans ce processus, il pourra, avec le temps et à travers bien des épreuves, se transmuer en ce qu'il est de plus vaste et de plus profond.
C'est une véritable refonte de son noyau central, quand ce n'est pas la formation même de ce noyau, si celui-ci n'avait pas pu se constituer, s'était structuré de façon anormale, ou encore s'était trouvé brisé. Cette aventure intérieure unique et infiniment diverse ne s'adresse pas, on le comprend, à une seule catégorie d'individus : « les malades » . Certains y chercheront simplement la guérison des symptômes qui paralysent leur vie et d'autres, un élargissement et un enrichissement.
Pour d'autres encore, ce sera un appel irrésistible, sous peine de destruction, à entreprendre la « quête », l'aventure intérieure. Le moins cultivé pourra y réussir s'il a l'intelligence du cœur et la droiture… De tout temps, elle a occupé l'intérêt de l'humanité. Elle se reflète dans les mythes et les religions, les légendes, les sagas et les cycles de récits tels que ceux de la Table Ronde, dans les diverses voies spirituelles et sociétés initiatiques, et enfin dans ces symboles de transmutations naturelles que nous transmettons l' alchimie."